mercredi 18 juillet 2007

Al Qaïda promet un été enflammé au royaume

A la chaleur habituelle de l'été qui frappe le Maroc ces jours-ci de bout en bout, la branche d'Al Qaïda dans le Maghreb a voulu rajouter ses braises, menaçant de s'attaquer frontalement au royaume chérifien.

Les autorités marocaines viennent, par conséquent, de décréter une alerte maximale de vigilance et de mobilisation après des informations parvenues de sources concordantes faisant état d'éventuelles actions terroristes prévues cet été par la branche régionale d'Al Qaïda, auto-baptisée "Al Qaïda au Maghreb islamique".

Le ministre marocain de l'Intérieur, Chakib Benmoussa, a déclaré lors d'une conférence de presse organisée dans la première semaine de ce mois à Rabat, la capitale, que la décision de relever au maximum le seuil d'alerte antiterroriste vise à contrer "l'actuelle menace terroriste avérée contre notre pays sur la base de renseignements fiables".

Les observateurs avaient relevé également la menace notoire contenue dans une cassette vidéo attribuée à Al Qaïda au Maghreb et dont quelques séquences avaient été diffusées fin-juin sur la chaîne de télévision satellitaire arabe, "Al Jazeera" et d'autres chaînes arabes.

De jeunes islamistes marocains, reconnus par les services de renseignements marocains grâce à leur dialecte local, avaient affirmé dans cet enregistrement vidéo qu'ils allaient s'attaquer au royaume à travers des actes terroristes. Et beaucoup d'observateurs mettent cette menace sur le compte d'une vengeance par rapport aux peines de prison encourues par des islamistes interpellés, mais aussi à cause de l'implication active de Rabat dans la lutte contre le terrorisme.

Des centaines d'islamistes d'obédience salafiste et accusés d'entretenir des rapports avec l'organisation Al Qaïda ont été arrêtés et condamnés à différentes peines depuis 2002 au Maroc, dans des procès considérés par des organisations de droits de l'Homme au Maroc et à l'étranger comme "inéquitables".

Par ailleurs, quatre islamistes marocains ont également été arrêtés récemment par les services espagnols et auraient apporté des informations allant dans le sens de la menace terroriste, selon des sources policières marocaines.

"Si le Maroc est dans le collimateur des terroristes d'Al Qaïda, c'est en raison de son soutien patent aux Etats-Unis dans la guerre contre le terrorisme ainsi qu'à cause de la coordination des services de renseignements marocains avec leurs homologues occidentaux", a expliqué à IPS, Mohamed Darif, un politologue spécialiste des mouvements islamistes.

De son côté, Mohieddine Amzazi, directeur général des Affaires intérieures, a affirmé, à l'occasion d'une récente réunion sécuritaire à Rabat, que "des renseignements concordants parvenus au ministère de l'Intérieur au cours des derniers jours font état d'une menace assez grave d'attaques terroristes dont le Maroc serait la cible".

Amzazi a également mis l'accent sur "le rôle fondamental et essentiel joué par la population dans la lutte contre le phénomène terroriste", une nouvelle pièce maîtresse, selon lui, dans la stratégie de lutte contre le terrorisme dont l'importance est apparue lors des événements du mois d'avril dernier dans des quartiers de Casablanca, la capitale économique marocaine.

Un attentat-suicide est survenu le 10 avril à Casablanca, un mois après celui du 11 mars dans un cybercafé. L'action suicidaire d'avril a fait cinq morts dont quatre terroristes et un policier, et 45 blessés, selon un bilan officiel. Un des kamikazes a été abattu par des policiers tandis que les trois autres ont explosé avec leurs bombes. Selon les autorités marocaines, la police avait resserré l'étau autour de ce groupe de kamikazes à l'époque.

"Combattre le terrorisme est un devoir qui nous incombe et nécessite de notre part, en tant que citoyens de ce pays, une grande vigilance", a déclaré à IPS, Fatima Slimi, une citoyenne habitant la ville de Fès, dans le nord-est du Maroc.

Pour assurer davantage de coordination entre les différents intervenants sécuritaires et évaluer la nature de cette menace, afin d'adapter un plan d'alerte au degré de gravité de la situation, une réunion a été organisée, début-juillet à Rabat, sous la présidence de Benmoussa et de Fouad Ali El Himma, ministre délégué à l'Intérieur, en présence des walis (préfets, en arabe) et des responsables des services de sécurité du royaume.

Source : http://fr.allafrica.com/stories/200707180143.html

Aucun commentaire: