lundi 23 juillet 2007

Les évangélistes sont-ils une menace au Maroc ?

Une vague de la campagne de christianisation menée tout azimut au Maroc par le truchement de professeurs, de médecins, d'hommes d'affaires et des volontaristes actifs dans des ONG humanitaires, en provenance des Etats Unis et d'Europe. Leur nombre était estimé à 400 "missionnaires" prêchant la bonne parole auprès des populations dans les zones les plus reculées du pays, mais aussi dans le milieux urbain.
Ces porteurs de la bonne parole, actifs au Maroc, seraient, actuellement, forts de quelques 800 prêcheurs selon le quotidien français "Le Monde". Ils sillonnent le pays en long et en large et notamment dans les zones rurales pauvres qui "s'offrent un terrain fertile" à une telle infiltration, à la conquête chrétienne d'une terre d'Islam.

Assurer la sécurité et l'unité spirituelles de notre peuple

Le mouvement a pris, selon la presse nationale, une dimension alarmante dans le nord du pays où des missionnaires s'activent publiquement. Les mêmes sources rapportent qu'un "missionnaire" d'origine française aurait pris la clef des champs par peu d'être mis aux arrêts par les services de sécurité nationale qui se sont intéressés de plus près à ce genre d'activité afin d'en établir la dimension et de parer au danger qu'elle représente, le cas échéant. Les mêmes sources signalent que ces "missionnaires" distribuent des livres, des prospectus et autres documents faisant l'apologie de la chrétienté sans pour autant se gêner de faire miroiter l'aspect matériel pour réussir leur entreprise.

On rappelle que la vague de la christianisation dans notre pays ne se limite pas uniquement à la population dans une situation économique précaire, mais s'étend à divers milieux professionnels et aux institutions de formation. Le cas de l'université "Al Akhawayne d'Ifrane" tel qu'il a été révélé, en 2005, par un confrère paraissant à Casablanca, met l'accent sur la portée de l'action de reconversion.

La vigilance des services de sécurité fait que les prêcheurs de la bonne parole se sentent astreints à agir dans le secret et les oblige à recourir à d'autres moyens et méthodes. S'inscrit dans ce cadre, l'ouverture d'un site Internet, par le gouvernement américain selon un quotidien national, ayant pour tâche d'approcher les internautes marocains pour les inviter à découvrir le message chrétien, dans le dialecte marocain. Selon le même journal, le ministère des Habous et des affaires islamiques aurait recouru à l'assistance du ministère de l'Intérieur, pour détruire ledit site et mettre fin à son offensive.

Les nouveaux prêcheurs marchent sur les traces des anciens missionnaires

Quoi qu'il en soit, les cas signalés au nord, la condamnation du prêcheur allemand d'origine égyptienne récemment à Agadir, l'ouverture dudit site ainsi que les informations récurrentes faisant état de l'implication d'ONG étrangères, actives au Maroc, révèlent que notre pays fait l'objet d'une action soutenue de reconversion à la chrétienté, baptisée et encouragée par les autorités américaines agissant selon le bon vouloir de l'église évangélique.

Les régions ciblées pour entreprendre une action intense de prosélytisme indiquent, par ailleurs, que ces "apôtres" marchent sur les traces des anciens missionnaires ayant balisé le terrain au protectorat français et qui ont intensifié leurs activités sous son autorité. Outre les église solennelles, les vestiges de chapelles ou refuges qui servaient de centres d'où partait l'évangélisation de la population locale pauvre et inculte, sont toujours là. Ben S'Mim, Azrou, Ain Leuh, etc. Ils constituaient les postes avancés de la conquête chrétienne de ces contrées à "islam folklorique" comme préfèrent les qualifier les nouveaux missionnaires et notamment américains.

Ancrer la domination coloniale par la reconversion à la foi du colonisateur

D'ailleurs, la tentative coloniale de scinder le peuple marocain en deux partie par le truchement du fameux "dahir berbère" en était la consécration et le prélude à une action d'envergure tendant à éradiquer la religion islamique de notre pays. L'enjeu en était aussi, et est encore, d'ancrer la domination coloniale par l'attachement spirituel des populations à sa foi chrétienne.

Le combat d'aujourd'hui ne diffère en rien à celui mené, à l'époque, par les nationalistes et l'ensemble du peuple marocain pour stopper cette évangélisation rampante, redynamiser l'unité nationale et lui donner la vitalité nécessaire.

Dans le Maroc du début du dernier siècle, le système des "hmayats" (protections) favorisait aussi bien la colonisation que l'action de christianisation.

Aujourd'hui, le danger est plus grave, puisque nous vivons, dans une forme moderne, les mêmes "H'mayats": française, espagnole, allemande, anglaise avec, en sus, celle américaine qui est de loin la plus influente tant aux niveaux politique et économique qu'au plan de l'action d'évangélisation.

Des ONG soudoyées servent d'instrument à l'entreprise des "apôtres"

En fait, de multitudes d'ONG servent de couverture aux évangélistes américains pour infiltrer des milieux populaires et particulièrement les plus défavorisés économiquement et socialement. Elles sont relayés ou assistées par cette kyrielle d'associations autochtones aux divers aspects, intervenant dans de multiples domaines telle que l'action sociale quand ce n'est sur le plan politique ou au niveau économique. Soudoyées et asservies, ces associations servent de tremplin pour le message politique et de passoire pour la bonne parole. Les armes et les moyens varient selon les besoins et les cibles.

Le champ a été libéré de toute concurrence à leur avantage afin qu'elles puissent agir à leur guise et presque publiquement. Les plaintes formulées ici et là ne sont qu'une façade pour obtenir plus d'avantage et réaliser leurs objectifs sans la moindre opposition. Malheureusement, elles trouvent échos auprès de certaines plumes qui se mobilisent pour les défendre au nom de cette sacro-sainte liberté à la différence et aux choix.

Des médias et des journalistes recrutés pour baliser le terrain

Aussi, est-il important d'établir le lien entre cette situation et l'initiative américaine d'aider la presse écrite nationale dont plusieurs journaux, à caractère national ou régional, et des journalistes en ont bénéficié malgré la position du gouvernement marocain, signifié à l'ambassadeur des Etats Unis à Rabat, déclarant non avenue ladite initiative.

Le procédé est usité et bien connu. Il ne peut tromper que ceux qui le veuillent ou les dupes. Bien avant le protectorat, les missionnaires ont joué un rôle déterminant dans la préparation du terrain pour la conquête militaire.

Avec la domination coloniale, la christianisation des populations constituait l'un des objectifs de l'Europe coloniale, toujours animée et convaincue de sa mission civilisationnelle; celle de faire propager la chrétienté et d'imposer son mode de vie à l'ensemble de l'humanité ou, du moins, aux peuples soumis à son autorité.

Les églises prolifèrent et se propagèrent à travers les continents et les contrées; les corps ecclésiastiques et particulièrement les jésuites et les baptistes sillonnaient les coins les plus reculés desdits pays ou contrées pour y prêcher la bonne parole et faire répandre la foi chrétienne parmi les peuples et peuplades autochtones.

Le Maroc n'a pas été épargné à cette vague déferlante de missionnaires qui s'infiltraient progressivement et faisaient office de cartographes, d'officiers explorateurs et éclaireurs aux armées; agent de renseignements, d'espions et d'agents chargés d'études en termes modernes.

Le plus célèbre a été sûrement Charles de Foucauld qui a traversé le pays du nord au sud, décrivant sa géographie, ses reliefs, les traditions, mœurs et coutumes des populations des zones qu'il a visitées.

Ce travail était nécessaire pour les puissances coloniales qui convoitaient le Maroc, considéré, jusqu'au 18ème siècle, comme une puissance militaire. Il avait acquis cette réputation au lendemain de la bataille d'Oued Al Makhazine qui a sonné le glas de l'empire Lusitanien.

Les croisades des temps modernes

Certains historiens avaient considéré cette guerre, comme une deuxième croisade qui tendait à ouvrir une brèche sur le front occidental de la terre d'Islam dont le flanc oriental était soumis à l'autorité de l'empire Ottoman.

La défaite des portugais à Oued Makhazine conféra au Maroc un aura dans les pays européens et en a fait un Etat fort et puissant militairement.

Les européens industrialisés et à la recherche de nouveaux marchés pour écouler leurs produits manufacturés, mais aussi à la recherche des matières premières, ne songeaient pas attaquer le Maroc malgré la présence des français en Algérie, puis en Tunisie, et dans les pays du Sahel. Cette convoitise allait prendre forme après la défaite de l'Emir Abdelkader, dans la bataille de Tizi Ously à laquelle participaient des armées marocaines.

Sa répercussion immédiate en a été l'arrivée de l'armée française dans la région orientale du Maroc et le début de la compétition entre les puissances coloniales et leur arrangement pour sa conquête.

Les traités d'Algésiras consacrèrent cette vision confiant à la France le Maroc (de l'Atlantique aux anciens territoires occupés par l'empire Ottoman, l'Homme malade de l'Europe), c'est à dire l'Algérie) à l'Espagne le nord du pays et les provinces sahariennes. Le territoire de Chenguit (Mauritanie) qui faisait partie du Royaume chérifien fut placé sous administration française. Tanger, elle, a été mise sous régime international.

L'indépendance du pays a suivi le même schéma de son occupation avec, cependant, des tergiversations et à forts potentiels de négociations et sacrifices. Ainsi, le Maroc indépendant a milité et bataillé pendant plus de 25 ans pour récupérer Sidi Ifni et Tarfay et puis les provinces Sahariennes alors que Sebta et Méllilia et les autres présides sont toujours sous l'emprise espagnole. Il en est de même pour les territoires de l'Est annexés par la France à "l'Algérie française" avant que celle-ci n'accède à l'indépendance en 1961.

La conquête coloniale, était motivée aussi bien par des considérations religieuses et civilisationnelles que par les opportunités commerciales et les fabuleuses richesses du monde dominé. Il en est de même en ce qui concerne la reconquête coloniale actuelle qui s'attaque au fondement des sociétés musulmanes faibles et aux populations pauvres, directement ou par le truchement d'organisation locales. Le néocolonialisme use de la pression politique et économique exhibe la force militaire et arbore la bannière de la démocratie, de la liberté et des droits de l'homme.

Du Dahir berbère aux questions des "minorités"

Le Dahir Berbère, combattu par le mouvement nationaliste, constituait la première action chrétienne d'envergure et globale visant à éradiquer l'Islam et ses préceptes des régions Amazighes du Maroc. Cela démontre, d'une part, que l'effort de l'église pour la christianisation des marocains ne date pas d'aujourd'hui, et d'autre part qu'il s'agit bien d'un choc de civilisation.

Hier, il avait pris le caractère civilisationnel, aujourd'hui il s'opère sous forme de droits humains, de la liberté, de la démocratie et des réformes politiques. Il s'agit, pour les puissances occidentales contrôlant d'imposer leur mode, de faire valoir leur suprématie, d'imposer leur leadership et de réduire à l'état de serviteurs les peuples du monde et notamment les peuples musulmans.

La confrontation, la lutte qui se déroulent sous nos yeux, ne doit tromper personne. Elle est multiforme et s'opère à différents niveaux et par différents moyens.

Les forces adverses s'appuient sur le soutien, l'adhésion ou, au moins, l'inconscience de certains acteurs internes manipulés ou ayant perdu foi et conviction en la possibilité de leur société d'évoluer, de faire mieux pour intégrer l'ensemble des aspirations de leurs composantes et satisfaire leurs attentes.

Comment agir, dans un océan de confusions, contre des armées outillées?

La bataille, d'aujourd'hui, est de la même nature que celle d'hier, mais avec en plus l'affaiblissement qui ronge le corps de la "Oumma" dont l'état de fatigue fait que la vigueur et la hargne au combat soient insignifiantes et que la volonté de confronter le danger et de relever les défis soit molle. Comment agir contre des armées outillées dans un océan de confusions et d'amalgames? Comment recentrer les forces et les endiguer pour stopper cette attaque systématique?

Les prosélytistes "marocains" ne sont pas recensés. Mais les estimations avancées révèlent la gravité de l'action, déjà, entreprise. Car les moyens utilisés favorisent une telle tendance puisqu'ils tablent sur la misère des populations ciblées, l'insécurité spirituelle et la terreur qui pèse sur tout musulman osant braver les diktats des maîtres du monde.

Le discours que propagent certains organes de presse aux affinités bien connues, ne peut être qu'une autre facette de cette médaille. Il en est de même en ce qui concerne le contrôle de certains médias qui, jusqu'à un passé récent, défendaient les valeurs nationales et les constances de notre nation, pour les transformer en tribunes facilitant la perversion sous couvert d'ouverture et de liberté.

Une stratégie pour immuniser contre la dérive et les tentations

Les missionnaires européens et américains infiltrent graduellement notre tissu social. Ils agissent à travers des organisations "politiques" ou spécialisés oeuvrant sous couvert éducatif et d'initiation à la pratique démocratique ou la formation des gens aux méthodes de conception modernistes dans une société disloquée de ses valeurs et coupée de ses racines pour l'engager dans un autre mode de vie qui va jusqu'à la négation de son identité et de ses éléments constitutifs. La panoplie des armes autant que la diversité des appâts font que la bataille ne peut être menée par des actes et des actions isolés ou individuels. Il en faut plus. Il faut une stratégie socio-économique tendant à immuniser contre la dérive et les tentations et une politique de sécurité spirituelle. Il est, aussi, indispensable de mettre en oeuvre l'arsenal juridique qui protège le pays et la société contre ce genre de pratiques déviationnistes? Il s'agit, non seulement de l'ébranlement de la foi de musulmans, mais de tentatives de déstructurer une société, de la couper de ses origines et de ces racines. C'est d'autant plus dangereux que ce courant ravage tout sur son passage: foi et conviction, identité nationale, régime politique dans son acception et les bases de sa légitimité, mais aussi le droit à la différence, à l'exception culturelle.

Est-il possible d'arguer de l'ouverture et du droit à la différence pour laisser ceux qui attentent à l'unité spirituelle de notre société agir à leur guise? Ne s'agit-il pas là d'un comportement complice et d'une tolérance déplacée?

Le droit de la nation à son unité prime sur les intérêts

des individus et des forces étrangères

Faut-il admettre que la liberté des gens exige qu'on les laisse sans protection contre les tentations, la dérive et les illusions qui en feraient des proies faciles? Ne se transformeraient-ils pas, en pareille situation, en éventuels terroristes intégristes dans les deux sens: des kamikazes à la solde de l'obscurantisme, à la fois, et du camp de la négation de la valeur nationale avec toutes ses composantes religieuses, morales et coutumières? Ne faut-il pas immuniser la société nationale par le renforcement des facteurs de sa symbiose et de son imbrication? Qui doit primer: le droit de la nation ou celui des individus et des forces étrangères? Qui doit être pris en compte: notre devenir ou le besoin de satisfaire les exigences ponctuelles et tyranniques de puissances supérieures matériellement et fortes militairement?

Ce choc de civilisation qu'on tente de minimiser et d'en réduire la portée, est bien pesant et présent. Il se manifeste au niveau de la volonté de changer nos programmes éducatifs et scolaires, dans l'optique de limiter l'élan de piété et la pratique cultuelle pour "désharmoniser" les fils conducteurs de notre existence avec notre environnement et notre foi. Il se manifeste, aussi, à travers ces faux débats autour de la modernité et l'Islam.

Le danger est grave. Tous ceux qui sont, encore, animés un tant soit peut par cette fibre patriotique le savent. Si nous devons, nous y résigner et l'accepter, il ne faut pas s'étonner demain de la parution d'ensembles antagonistes et voir s'effriter l'unité de la nation.

Il ne s'agit pas de fondamentalisme ou d'intégrisme religieux, mais d'un appel à la prudence et à la méfiance afin de percevoir le danger et le jauger dans sa portée et dans sa force destructrice, aux fins de le juguler.

Quand on procède de manière systématique à des campagnes pour propager une idée, un concept ou même un bien de consommation, on ne peut mettre l'effort consenti au compte de l'action charitable, d'information et encore moins de formation et d'initiation à des types de conduite ou comportementaux dans le but de rapprocher les peuples, de disséquer les causes de leur divergence et d'éradiquer la haine et la rancoeur. Il s'agirait plutôt d'une superposition d'objectifs tendant à supplanter une existence par une autre.

La tyrannie moderne est un épouvantail appelé démocratie et liberté

Veut-on changer de physionomie et de croyance? Avons-nous demandé à quelqu'un de nous faire admettre dans son cercle et de nous adopter et adapter? Que l'action charitable commence, d'abord, par une équitable répartition des ressources économiques au profit de l'humanité. Que cesse l'injustice économique et politique pour que l'on puisse jouir des mêmes moyens et des mêmes droits. Qu'on nous respecte tels que nous sommes. Alors, et alors seulement, on verra que le monde vivra en paix et en sécurité.

Qu'on abandonne son égoïsme et son désir d'imposer sa suprématie et qu'on fasse régner l'équité, le droit et l'égalité, et on verra que les peuples se rapprocheront d'eux mêmes; qu'ils seront solidaires et vivront dans la confraternité et la convivialité.

Quand on tente de blasphémer le Livre Saint (le Coran) et changer ses textes; quand on menace de frapper des lieux saints; quand on viole l'enceinte des mosquées et quand on profane les sacrements d'une nation et qu'on s'attaque au ciment de son unité il faut s'attendre à sa réaction, à son "Intifada".

La Oumma islamique spoliée dans ses droits continue à subir les affronts de ses adversaires et ennemis. Quelle autre région du monde a subi de telles humiliations et spoliation de droit? Quelle nation a été érigée en ennemi pour la simple raison qu'elle croit en une religion autre que celle des forts et des puissants, autre que la nation musulmane? Veut-on nous faire appliquer la règle que les peuples doivent suivre la religion de leurs seigneurs?

Ce n'est pas de l'obscurantisme, pensée rétrograde ou idéologie extrémiste prônant la phobie et la haine. Mais simplement une tentative pour provoquer l'éveil et appeler les autres à revoir leur copie, à repenser leur méthode et à réviser leur approche, si effectivement ils sont animés de la volonté de coexister pacifiquement avec l'ensemble des peuples de la planète terre et d'y faire régner la paix et la stabilité.

La tyrannie moderne est un épouvantail appelé démocratie et liberté qui ne sont qu'un prétexte pour l'au-delà de l'Occident et un mode de gouvernance pour celui-ci.

Source : selwane.com

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